Le portage salarial est une solution innovante permettant aux travailleurs indépendants et aux entreprises de profiter d’une flexibilité accrue, tout en bénéficiant des avantages liés au statut de salarié. Face à la popularité grandissante de cette alternative, il est essentiel de comprendre son cadre légal et ses implications pour les différentes parties prenantes. Dans cet article, nous vous présentons les principaux aspects juridiques du portage salarial, ainsi que les obligations des sociétés de portage, des consultants et des entreprises clientes.
Qu’est-ce que le portage salarial ?
Le portage salarial est un dispositif qui offre la possibilité à un consultant indépendant d’exercer son activité professionnelle tout en étant lié par un contrat de travail avec une société de portage. Cette dernière se charge alors de gérer l’ensemble des formalités administratives, sociales et fiscales liées à l’activité du consultant. En contrepartie, elle perçoit une commission sur le chiffre d’affaires réalisé par ce dernier.
Ce modèle présente plusieurs avantages pour le consultant, notamment la protection sociale inhérente au statut de salarié (assurance chômage, retraite complémentaire, mutuelle), ainsi que la possibilité de se consacrer pleinement à son activité sans avoir à gérer les contraintes administratives y afférentes.
Les bases légales du portage salarial en France
Le cadre légal du portage salarial en France a été posé par la loi n° 2008-596 du 25 juin 2008, dite loi de modernisation du marché du travail. Cette loi a introduit la notion de portage salarial dans le Code du travail, en précisant notamment les conditions de recours à ce dispositif et les obligations des sociétés de portage.
Depuis cette première reconnaissance légale, le cadre juridique du portage salarial a été complété et précisé par plusieurs textes législatifs et réglementaires, ainsi que par des accords de branche. Parmi les principales évolutions, on peut citer l’ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015, qui a consacré le principe d’égalité de traitement entre les salariés portés et les autres salariés, ou encore la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016, dite loi Travail, qui a renforcé les garanties offertes aux consultants en matière de formation professionnelle et de représentation au sein des instances représentatives du personnel.
Les obligations des sociétés de portage
Les sociétés de portage ont pour principale mission d’assurer la gestion administrative, sociale et fiscale des consultants qu’elles emploient. À ce titre, elles sont soumises à un certain nombre d’obligations légales et conventionnelles.
- Maintenir un lien contractuel avec le consultant : la société de portage doit conclure un contrat de travail avec le consultant, généralement sous la forme d’un contrat à durée déterminée (CDD) ou d’un contrat à durée indéterminée (CDI) à temps partiel modulé.
- Facturer les prestations du consultant : la société de portage doit établir et envoyer les factures aux clients du consultant, puis reverser à ce dernier une partie du chiffre d’affaires réalisé, sous forme de salaire.
- Assurer la protection sociale du consultant : en tant qu’employeur, la société de portage est tenue de cotiser aux différents régimes sociaux pour le compte du consultant (sécurité sociale, assurance chômage, retraite complémentaire, etc.).
- Garantir l’égalité de traitement entre les salariés portés et les autres salariés : conformément à l’ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015, les sociétés de portage doivent veiller à ce que les consultants bénéficient des mêmes droits et avantages que leurs autres salariés (rémunération minimale, accès à la formation professionnelle, représentation au sein des instances représentatives du personnel).
Les obligations des consultants
Bien que le portage salarial permette aux consultants de se libérer des contraintes administratives liées à leur activité, ces derniers demeurent soumis à certaines obligations :
- Trouver des missions : le consultant est responsable de prospecter et de trouver lui-même ses clients. La société de portage peut toutefois lui apporter son soutien dans cette démarche, par exemple en lui proposant des formations ou des outils de prospection.
- Négocier les conditions de ses prestations : le consultant doit définir avec ses clients les modalités de réalisation de ses missions (durée, tarif, lieu d’exécution), puis transmettre ces informations à la société de portage pour établissement du contrat commercial.
- Respecter le cadre légal et conventionnel : en tant que salarié, le consultant est tenu de se conformer aux règles du Code du travail et des conventions collectives applicables à son secteur d’activité.
Les obligations des entreprises clientes
Pour les entreprises qui font appel à des consultants en portage salarial, certaines obligations doivent être respectées :
- Conclure un contrat commercial avec la société de portage : l’entreprise cliente doit formaliser sa relation avec la société de portage par un contrat de prestation, qui précise notamment les conditions d’exécution de la mission (durée, tarif, lieu).
- Vérifier l’inscription de la société de portage : afin d’éviter tout risque juridique lié au travail dissimulé ou au détachement illégal de travailleurs, l’entreprise cliente doit s’assurer que la société de portage est bien enregistrée auprès des organismes compétents (préfecture, URSSAF, etc.).
- Respecter les règles relatives à la santé et à la sécurité au travail : l’entreprise cliente est tenue d’informer le consultant des risques professionnels auxquels il peut être exposé dans le cadre de sa mission, et de lui fournir les moyens de prévention nécessaires (équipements de protection individuelle, formations).
Le portage salarial offre une solution flexible et sécurisante pour les travailleurs indépendants et les entreprises, à condition de respecter le cadre légal et les obligations qui en découlent. Il convient donc de bien s’informer sur les règles applicables, afin de tirer pleinement parti des avantages offerts par ce dispositif innovant.