Licenciement pour motif économique : Comprendre et réagir en tant qu’employeur ou salarié

Le licenciement pour motif économique est une situation complexe qui peut toucher tant les employeurs que les salariés. Il est essentiel de bien comprendre les enjeux, les droits et les obligations de chaque partie afin d’éviter des erreurs préjudiciables et de protéger au mieux ses intérêts. Dans cet article, nous vous proposons d’examiner ce type de licenciement sous un angle juridique et pratique, à travers des conseils professionnels et des exemples concrets.

Définition du licenciement pour motif économique

Le licenciement pour motif économique est défini par le Code du travail comme étant un licenciement effectué par un employeur pour un ou plusieurs motifs non inhérents à la personne du salarié, résultant d’une suppression ou transformation d’emploi ou d’une modification, refusée par le salarié, d’un élément essentiel du contrat de travail, consécutives notamment à des difficultés économiques ou technologiques (article L1233-3).

Ainsi, il doit être distingué du licenciement pour faute ou pour inaptitude qui repose sur des motifs personnels liés au comportement ou à la santé du salarié. Le licenciement pour motif économique vise donc à préserver la compétitivité de l’entreprise et à sauvegarder sa pérennité face à des circonstances externes défavorables.

Conditions et procédure du licenciement pour motif économique

Le licenciement pour motif économique doit respecter des conditions strictes et une procédure encadrée par la loi. Les motifs économiques peuvent être liés à des difficultés économiques caractérisées, à des mutations technologiques, à une réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité, ou encore à la cessation d’activité de l’entreprise.

En outre, l’employeur doit démontrer que les suppressions d’emploi envisagées sont réelles et sérieuses, qu’il n’a pas pu proposer au salarié un reclassement compatible avec ses compétences et son statut, et qu’il a respecté l’ordre des licenciements établi en fonction des critères légaux ou conventionnels (ancienneté, charges familiales, situation des salariés handicapés ou présentant des caractéristiques sociales rendant leur réinsertion professionnelle difficile).

La procédure du licenciement pour motif économique varie selon le nombre de salariés concernés et la taille de l’entreprise. Elle implique généralement une consultation préalable du comité social et économique (CSE) ou des délégués du personnel, un entretien préalable avec chaque salarié visé, la notification écrite du licenciement avec mention du motif économique et des voies de recours possibles, ainsi que le respect d’un délai de préavis légal ou conventionnel.

Les droits du salarié en cas de licenciement pour motif économique

Le salarié victime d’un licenciement pour motif économique bénéficie de droits spécifiques visant à compenser la perte de son emploi et à faciliter son retour à l’emploi. Ces droits comprennent notamment :

  • l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, qui ne peut être inférieure à un cinquième de mois de salaire par année d’ancienneté, majorée d’un quinzième au-delà de 10 ans d’ancienneté (article L1234-9 du Code du travail) ;
  • l’indemnité compensatrice de préavis, correspondant au salaire que le salarié aurait perçu s’il avait continué à travailler pendant la durée du préavis ;
  • l’indemnité compensatrice de congés payés, si le salarié n’a pas pu prendre tous ses congés avant la fin du contrat ;
  • le droit à un bilan de compétences ou à une formation professionnelle dans le cadre du compte personnel de formation (CPF) ou du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) si l’entreprise compte au moins 50 salariés et que le licenciement concerne au moins 10 salariés sur une période de 30 jours ;
  • le droit à un congé pour reclassement ou à un congé individuel de formation (CIF) pour les salariés ayant au moins deux ans d’ancienneté dans l’entreprise et dont le licenciement est lié à une cause économique imprévisible et irrémédiable.

Les recours possibles en cas de licenciement pour motif économique

Le salarié qui estime que son licenciement pour motif économique est injustifié ou irrégulier peut exercer différents recours, notamment :

  • saisir le conseil de prud’hommes dans un délai de 12 mois à compter de la notification du licenciement, afin de contester le motif économique ou la procédure suivie et de demander des dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse ;
  • saisir l’inspection du travail en cas de violation de l’ordre des licenciements ou d’absence de consultation des représentants du personnel ;
  • saisir la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) en cas d’inobservation des obligations légales ou conventionnelles en matière de reclassement, de formation, d’indemnisation ou d’accompagnement social.

Il est fortement recommandé au salarié confronté à un licenciement pour motif économique de consulter un avocat spécialisé en droit du travail afin d’évaluer ses chances de succès et d’être assisté tout au long de la procédure.

Les obligations et responsabilités de l’employeur en cas de licenciement pour motif économique

L’employeur qui procède à un licenciement pour motif économique doit respecter scrupuleusement les dispositions légales et conventionnelles applicables, sous peine de voir sa décision contestée devant les juridictions prud’homales et de devoir indemniser les salariés lésés. Il doit également veiller à mettre en œuvre des mesures d’accompagnement adaptées afin de limiter l’impact social du licenciement sur les salariés et de favoriser leur reclassement professionnel.

Par ailleurs, l’employeur doit informer et consulter les représentants du personnel sur les motifs économiques, les critères d’ordre des licenciements, le nombre de suppressions d’emploi envisagées, les mesures de reclassement, de formation ou d’aide à la recherche d’emploi proposées, ainsi que le calendrier prévisionnel des licenciements. Le non-respect de ces obligations peut entraîner la nullité du licenciement et l’obligation de réintégrer le salarié dans l’entreprise ou, à défaut, de lui verser une indemnité équivalente à la rémunération qu’il aurait perçue entre la date du licenciement et celle de sa réintégration effective.

Enfin, l’employeur doit assumer financièrement les conséquences du licenciement pour motif économique, notamment en matière d’indemnités légales ou conventionnelles, de cotisations sociales et d’allocation chômage. Il peut aussi être tenu de contribuer au financement du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), si celui-ci est mis en place dans l’entreprise.

Un accompagnement juridique essentiel pour maîtriser les risques

Faire face à un licenciement pour motif économique est une situation délicate qui requiert une connaissance approfondie du droit du travail et des enjeux économiques, sociaux et humains en jeu. Que vous soyez employeur ou salarié, il est vivement conseillé de recourir aux services d’un avocat spécialisé pour vous accompagner tout au long de la procédure et défendre au mieux vos intérêts. Cet expert saura vous apporter les conseils personnalisés et les solutions adaptées à votre situation, tout en veillant au respect des règles légales et éthiques.