Fiscalité SCPI : Investir en nom propre ou via une société – Guide complet pour optimiser votre stratégie

Le marché des Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) attire de plus en plus d’investisseurs à la recherche de rendements stables dans l’immobilier sans les contraintes de gestion directe. Toutefois, la question du mode de détention – en nom propre ou via une structure sociétaire – représente un choix stratégique majeur aux conséquences fiscales significatives. Ce choix influence directement la rentabilité de l’investissement et s’inscrit dans une stratégie patrimoniale globale. Les régimes d’imposition diffèrent substantiellement selon l’option retenue, tant sur les revenus générés que sur la transmission du patrimoine. Examinons les avantages, inconvénients et spécificités de chaque approche pour déterminer la structure la plus adaptée à votre situation personnelle et à vos objectifs d’investissement.

Les fondamentaux de la fiscalité des SCPI

Avant d’aborder la question du mode de détention, il est nécessaire de comprendre les principes fiscaux qui régissent les SCPI. Ces véhicules d’investissement immobilier collectif présentent une fiscalité spécifique qui constitue la base de toute réflexion stratégique.

Les SCPI sont des sociétés à prépondérance immobilière dont l’objet est l’acquisition et la gestion d’un patrimoine immobilier locatif. Fiscalement, elles fonctionnent selon le principe de la transparence fiscale : les revenus et plus-values sont imposés directement entre les mains des associés, proportionnellement à leur participation, et non au niveau de la société elle-même.

Les revenus distribués par les SCPI se composent principalement de deux éléments :

  • Les revenus fonciers, issus des loyers perçus sur les immeubles détenus
  • Les revenus financiers, provenant du placement de la trésorerie disponible

Pour les revenus fonciers, deux régimes d’imposition coexistent : le régime micro-foncier (applicable si les revenus fonciers annuels du foyer fiscal n’excèdent pas 15 000 euros) qui permet une déduction forfaitaire de 30% des revenus, et le régime réel qui autorise la déduction des charges effectivement supportées.

Quant aux revenus financiers, ils sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30% (12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux), sauf option pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu.

La fiscalité des plus-values immobilières réalisées lors de la cession de parts de SCPI suit un régime spécifique avec un abattement progressif pour durée de détention conduisant à une exonération totale d’impôt sur le revenu après 22 ans de détention et des prélèvements sociaux après 30 ans.

En matière de fiscalité patrimoniale, les parts de SCPI entrent dans l’assiette de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) pour les contribuables concernés. Elles sont évaluées à leur valeur vénale au 1er janvier de l’année d’imposition.

La transmission des parts, par donation ou succession, est soumise aux droits de mutation à titre gratuit selon le barème et les abattements en vigueur, avec possibilité de bénéficier du mécanisme de démembrement pour optimiser la transmission.

Ces principes généraux s’appliquent différemment selon que l’investisseur détient ses parts de SCPI en direct (en nom propre) ou via une structure sociétaire, ce qui justifie une analyse approfondie des deux options.

L’investissement en SCPI en nom propre : analyse fiscale détaillée

L’acquisition de parts de SCPI en nom propre constitue l’approche traditionnelle et la plus directe pour de nombreux investisseurs. Cette modalité présente des caractéristiques fiscales spécifiques qu’il convient d’examiner en détail.

Imposition des revenus courants

Lorsqu’un investisseur détient des parts de SCPI en son nom propre, les revenus fonciers générés sont intégralement soumis à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif. Pour un contribuable dans la tranche marginale d’imposition à 41% ou 45%, cette pression fiscale peut s’avérer conséquente.

Le régime micro-foncier peut représenter une option intéressante pour les petits portefeuilles. Il permet d’appliquer un abattement forfaitaire de 30% sur les revenus bruts, sans justification de charges. Ce dispositif simplifié s’applique automatiquement si les revenus fonciers annuels du foyer fiscal n’excèdent pas 15 000 euros et si l’investisseur ne détient pas de parts dans une SCI non transparente fiscalement.

Au-delà de ce seuil ou par option, le régime réel s’impose. Il autorise la déduction de l’ensemble des charges supportées : frais de gestion, intérêts d’emprunt, travaux d’entretien, taxe foncière, etc. Ce régime peut s’avérer plus avantageux pour les investisseurs ayant contracté un emprunt pour financer leur acquisition ou lorsque des travaux significatifs sont réalisés.

Un avantage notable de la détention en nom propre réside dans la possibilité d’imputer un éventuel déficit foncier sur le revenu global, dans la limite annuelle de 10 700 euros (hors intérêts d’emprunt). Le surplus et les intérêts d’emprunt sont reportables sur les revenus fonciers des dix années suivantes. Cette faculté constitue un levier d’optimisation fiscale significatif.

Fiscalité des plus-values

Lors de la cession de parts de SCPI détenues en direct, la plus-value immobilière est soumise à une taxation spécifique. L’impôt sur le revenu est appliqué au taux de 19%, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux de 17,2%, soit une imposition globale de 36,2%.

Ce régime prévoit toutefois des abattements progressifs pour durée de détention :

  • Pour l’impôt sur le revenu : 6% par an à partir de la 6ème année, conduisant à une exonération totale après 22 ans
  • Pour les prélèvements sociaux : 1,65% par an de la 6ème à la 21ème année, puis 9% pour les années suivantes, aboutissant à une exonération après 30 ans

Cette progressivité favorise les détentions longues et peut inciter à conserver les parts jusqu’à l’exonération totale ou partielle.

Impacts patrimoniaux et successoraux

Les parts de SCPI détenues en nom propre sont intégrées à l’assiette de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) pour leur valeur vénale, ce qui peut représenter une contrainte pour les patrimoines importants dépassant le seuil d’imposition de 1,3 million d’euros.

En matière successorale, la détention directe offre une certaine souplesse. Le démembrement de propriété permet notamment d’optimiser la transmission en répartissant l’usufruit et la nue-propriété entre différents bénéficiaires. Cette stratégie permet de réduire l’assiette taxable aux droits de succession.

La donation de parts, avec ou sans réserve d’usufruit, constitue également un outil efficace pour organiser la transmission anticipée du patrimoine tout en bénéficiant des abattements renouvelables tous les 15 ans (100 000 euros par enfant et par parent).

En synthèse, la détention en nom propre présente l’avantage de la simplicité administrative et offre des opportunités d’optimisation fiscale notamment via le déficit foncier et les stratégies de démembrement. Elle convient particulièrement aux investisseurs disposant de revenus fonciers déficitaires ou souhaitant se constituer un complément de revenus immédiat. En revanche, pour les contribuables fortement imposés ou possédant un patrimoine significatif, cette option peut s’avérer fiscalement pénalisante sur le long terme.

L’acquisition de SCPI via une société : options et incidences fiscales

L’investissement en SCPI par l’intermédiaire d’une structure sociétaire représente une alternative stratégique à la détention en nom propre. Plusieurs formes juridiques peuvent être envisagées, chacune avec ses spécificités fiscales.

La Société Civile Immobilière (SCI)

La SCI constitue le véhicule sociétaire le plus répandu pour détenir des parts de SCPI. Par défaut, elle est soumise à l’impôt sur le revenu selon un régime de transparence fiscale : les revenus sont imposés entre les mains des associés proportionnellement à leurs droits, suivant les mêmes règles que pour une détention directe.

L’intérêt majeur de la SCI réside dans sa flexibilité juridique. Elle facilite notamment la gestion indivise du patrimoine, la transmission progressive via des donations de parts sociales, et permet d’organiser des clauses statutaires spécifiques (agrément, préemption, inaliénabilité temporaire).

Sur le plan fiscal, la SCI à l’IR n’offre pas d’avantage direct en termes de taux d’imposition par rapport à la détention en nom propre. Toutefois, elle peut s’avérer pertinente dans certaines configurations :

  • Pour faciliter la transmission du patrimoine en fractionnant les parts sociales
  • Pour protéger un conjoint via des clauses statutaires adaptées
  • Pour isoler juridiquement un patrimoine immobilier des risques professionnels

La SCI peut également opter pour l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui modifie profondément son régime fiscal. Cette option, irrévocable, transforme les revenus fonciers en bénéfices imposables au taux de l’IS (15% jusqu’à 42 500 € de bénéfices pour les PME, 25% au-delà). Les revenus distribués aux associés sont alors taxés comme des dividendes, soumis au PFU de 30% ou au barème progressif de l’IR sur option.

La Société par Actions Simplifiée (SAS)

La SAS représente une alternative à la SCI, particulièrement adaptée aux structures patrimoniales complexes ou aux projets impliquant plusieurs investisseurs. Soumise par défaut à l’impôt sur les sociétés, elle présente plusieurs caractéristiques distinctives :

Les revenus générés par les SCPI sont intégrés au résultat imposable de la société au taux de l’IS. Cette fiscalité peut s’avérer avantageuse comparativement au barème progressif de l’IR, particulièrement pour les contribuables fortement imposés.

La SAS permet une capitalisation des revenus au sein de la structure, offrant ainsi un effet de levier pour réinvestir sans subir la pression fiscale personnelle des associés. Seuls les dividendes effectivement distribués sont imposés entre leurs mains.

Sur le plan patrimonial, les titres de la SAS sont exclus de l’assiette de l’IFI si la participation de l’associé est inférieure à 10% du capital, ce qui peut constituer un avantage significatif pour les patrimoines importants.

La holding patrimoniale

La structure de holding patrimoniale constitue une approche sophistiquée pour les patrimoines conséquents. Elle consiste généralement en une société mère (SAS ou SARL de famille) détenant des parts dans diverses structures dont des SCPI.

Cette organisation permet notamment :

  • La mutualisation des revenus et charges entre différents investissements
  • L’application du régime mère-fille pour les dividendes reçus des filiales (exonération à 95%)
  • Une planification successorale optimisée via des pactes d’actionnaires et donations

La holding offre également des possibilités d’effet de levier en permettant de financer de nouveaux investissements grâce aux flux générés par les actifs existants, avec déductibilité des intérêts d’emprunt au niveau de la société.

En contrepartie, ces structures sociétaires impliquent des coûts de constitution et de gestion plus élevés (frais comptables, juridiques, formalités annuelles), ainsi qu’une complexité administrative accrue qui nécessite généralement l’accompagnement de professionnels du droit et de la fiscalité.

L’acquisition de SCPI via une société présente donc des avantages stratégiques significatifs, particulièrement pour les investisseurs ayant une vision patrimoniale de long terme, souhaitant optimiser la transmission de leur patrimoine ou ayant un niveau d’imposition personnelle élevé. Le choix entre les différentes structures sociétaires dépendra des objectifs prioritaires de l’investisseur : optimisation fiscale immédiate, stratégie de capitalisation, protection patrimoniale ou préparation de la transmission.

Analyse comparative : critères de choix entre détention directe et indirecte

Le choix entre l’investissement en SCPI en nom propre ou via une structure sociétaire ne peut se réduire à une simple comparaison de taux d’imposition. Il nécessite une analyse multifactorielle prenant en compte divers paramètres personnels et patrimoniaux.

L’horizon d’investissement

La durée prévisionnelle de détention des parts constitue un critère déterminant dans le choix du mode d’acquisition. Pour un investissement à court ou moyen terme (moins de 10 ans), la détention en nom propre peut s’avérer plus simple et moins coûteuse en frais de structure.

En revanche, une perspective de long terme (plus de 15 ans) tend à favoriser les structures sociétaires, particulièrement celles soumises à l’IS, qui permettent une capitalisation des revenus et une optimisation de la transmission. L’effet cumulé de la fiscalité allégée sur les revenus réinvestis peut compenser largement les coûts administratifs initiaux.

Pour les investisseurs proches de la retraite visant un complément de revenus immédiat, la détention directe présente l’avantage de la simplicité et de l’absence d’intermédiaire entre la perception des revenus des SCPI et leur utilisation personnelle.

La situation fiscale personnelle

Le taux marginal d’imposition du contribuable représente un facteur décisif. Pour les foyers fiscaux soumis aux tranches élevées du barème progressif (41% ou 45%), la détention via une société à l’IS peut générer une économie substantielle, le taux normal de l’IS (25%) étant significativement inférieur.

À l’inverse, pour les contribuables modestement imposés (tranches à 11% ou 30%), la détention directe peut s’avérer fiscalement avantageuse, particulièrement si le régime micro-foncier est applicable.

La présence d’autres revenus fonciers dans le patrimoine du contribuable influence également ce choix. L’existence d’un déficit foncier imputable sur le revenu global (dans la limite de 10 700 euros) peut rendre la détention directe particulièrement intéressante.

Les objectifs patrimoniaux

La stratégie patrimoniale globale de l’investisseur oriente naturellement le mode de détention optimal. Pour une personne privilégiant la simplicité de gestion et la liquidité immédiate, la détention en nom propre s’impose généralement.

À l’opposé, un investisseur ayant une vision dynastique de son patrimoine, soucieux de le préserver et de le transmettre dans les meilleures conditions, trouvera dans les structures sociétaires des outils juridiques adaptés (pactes d’associés, clauses statutaires spécifiques).

La question de l’IFI intervient également dans cette réflexion. Pour les patrimoines immobiliers conséquents, l’interposition d’une société soumise à l’IS peut permettre, sous certaines conditions, d’exclure les parts de SCPI de l’assiette taxable, générant ainsi une économie fiscale annuelle significative.

Le mode de financement

Le recours à l’emprunt pour financer l’acquisition de parts de SCPI influence considérablement le choix du mode de détention. En nom propre, les intérêts d’emprunt sont déductibles des revenus fonciers, mais uniquement de ceux-ci (pas d’imputation possible sur le revenu global).

Dans une structure à l’IS, ces charges financières viennent en déduction du résultat imposable global de la société, avec toutefois des limitations pour les entreprises dont les charges financières nettes dépassent 3 millions d’euros. Cette déductibilité peut représenter un avantage significatif pour les investissements à fort effet de levier.

Par ailleurs, le crédit in fine, souvent utilisé pour les investissements patrimoniaux, peut s’articuler différemment selon le mode de détention. Dans une structure sociétaire, il peut être adossé à un contrat d’assurance-vie détenu par la société, créant ainsi une synergie fiscale intéressante.

Pour déterminer la stratégie optimale, une simulation chiffrée s’impose, intégrant l’ensemble des paramètres fiscaux et financiers sur la durée prévisionnelle de l’investissement. Cette analyse doit être régulièrement actualisée pour tenir compte des évolutions législatives et des modifications de la situation personnelle de l’investisseur.

En définitive, le choix entre détention directe et indirecte résulte d’un arbitrage complexe entre fiscalité immédiate, objectifs de transmission, flexibilité de gestion et coûts structurels. Cette décision stratégique justifie pleinement le recours à un conseil spécialisé en ingénierie patrimoniale capable d’appréhender l’ensemble des dimensions du projet.

Stratégies optimales selon les profils d’investisseurs

La diversité des situations personnelles et des objectifs patrimoniaux conduit à envisager différentes approches pour l’investissement en SCPI. Examinons les stratégies les plus pertinentes selon plusieurs profils-types d’investisseurs.

L’investisseur en début de constitution patrimoniale

Pour un jeune actif ou un ménage commençant à se constituer un patrimoine immobilier, la détention directe des parts de SCPI représente généralement l’option la plus adaptée. Cette approche se justifie par plusieurs facteurs :

  • La simplicité administrative et l’absence de coûts supplémentaires liés à une structure sociétaire
  • Un taux d’imposition personnel souvent modéré en début de carrière
  • La possibilité de bénéficier du régime micro-foncier pour les petits portefeuilles

Pour maximiser l’efficacité de cette stratégie, l’investisseur peut envisager :

Un financement par emprunt, permettant de déduire les intérêts des revenus fonciers générés et ainsi réduire l’assiette imposable. Cette approche optimise le rendement des fonds propres investis (effet de levier) et crée une forme d’épargne forcée.

Une diversification progressive vers différentes SCPI (bureaux, commerces, santé, résidentiel) pour mutualiser les risques sectoriels et géographiques.

À mesure que le patrimoine se développe et que les revenus professionnels augmentent, une réévaluation de cette stratégie devient pertinente, notamment si le taux marginal d’imposition atteint les tranches supérieures.

Le professionnel libéral ou chef d’entreprise

Pour les professionnels indépendants et dirigeants d’entreprise, l’interposition d’une structure sociétaire présente généralement des avantages significatifs :

La protection patrimoniale contre les risques professionnels, en isolant les investissements immobiliers des aléas liés à l’activité principale.

L’optimisation fiscale via une société à l’IS, particulièrement pertinente pour ces contribuables souvent soumis aux tranches marginales d’imposition les plus élevées.

La possibilité de créer une holding patrimoniale chapeautant à la fois les actifs professionnels et les investissements en SCPI, permettant une vision globale et cohérente du patrimoine.

Ces professionnels peuvent notamment envisager :

Une SAS familiale détenant un portefeuille diversifié de SCPI, avec une politique de distribution de dividendes modulable selon les besoins personnels et les opportunités de réinvestissement.

Une stratégie de capitalisation au sein de la structure durant la phase active, puis une transmission progressive des titres aux enfants via des donations régulières bénéficiant des abattements fiscaux.

L’utilisation du démembrement croisé entre la société et son dirigeant : la société acquiert l’usufruit temporaire des parts de SCPI tandis que le dirigeant en détient la nue-propriété, créant ainsi une optimisation fiscale sur plusieurs niveaux.

L’investisseur proche de la retraite

Pour les personnes approchant l’âge de la retraite et cherchant à se constituer un complément de revenus, les stratégies diffèrent selon l’ampleur du patrimoine déjà constitué :

Pour un patrimoine modéré, la détention directe avec un démembrement temporaire peut s’avérer judicieuse : acquisition de la nue-propriété de parts de SCPI avec un usufruit temporaire conservé par le vendeur (typiquement 5 à 10 ans). À l’extinction de l’usufruit, l’investisseur récupère la pleine propriété et les revenus associés, précisément au moment où il aborde sa retraite.

Pour un patrimoine plus conséquent, une structure sociétale familiale peut servir de réceptacle aux investissements en SCPI, avec une organisation statutaire prévoyant une distribution régulière de dividendes pendant la période de retraite, tout en préparant la transmission aux héritiers.

La stratégie peut également intégrer une dimension de défiscalisation en fin de carrière, période où les revenus professionnels atteignent souvent leur apogée. L’acquisition de SCPI fiscales (Malraux, Déficit Foncier, Pinel) en direct permet alors de générer des réductions d’impôt substantielles.

L’investisseur patrimonial transgénérationnel

Pour les détenteurs de patrimoines significatifs dont l’horizon dépasse leur propre génération, une architecture juridique sophistiquée s’impose généralement :

La création d’une holding patrimoniale familiale (généralement sous forme de SAS) détenant un portefeuille diversifié de SCPI et potentiellement d’autres actifs (immobilier direct, valeurs mobilières).

L’organisation de la gouvernance via des statuts adaptés et un pacte d’actionnaires précisant les modalités de prise de décision, les règles de liquidité des titres et les conditions de sortie.

Une politique de distribution de dividendes mesurée, favorisant la capitalisation au sein de la structure et l’effet cumulé de la fiscalité allégée sur le long terme.

Des donations progressives de titres de la holding aux enfants et petits-enfants, avec éventuellement réserve d’usufruit pour conserver le contrôle et les revenus.

Cette approche transgénérationnelle permet non seulement une optimisation fiscale mais également une préparation méthodique de la transmission, en associant progressivement les générations suivantes à la gestion du patrimoine familial.

En définitive, le choix entre détention directe et indirecte des SCPI, loin d’être une question purement fiscale, s’inscrit dans une réflexion patrimoniale globale intégrant horizon temporel, objectifs de revenus, stratégie de transmission et protection des actifs. L’accompagnement par des professionnels du droit et de la fiscalité s’avère souvent déterminant pour élaborer une stratégie véritablement personnalisée et évolutive.

Perspectives et évolutions : adapter sa stratégie dans un contexte changeant

L’environnement fiscal, juridique et économique entourant les investissements en SCPI évolue constamment. Une stratégie patrimoniale efficace doit intégrer cette dimension dynamique et prévoir des mécanismes d’adaptation.

Anticiper les évolutions fiscales

La fiscalité immobilière fait l’objet de modifications régulières, parfois substantielles, qui peuvent remettre en question la pertinence d’un mode de détention. Plusieurs tendances méritent une attention particulière :

L’évolution des taux d’imposition, tant pour les particuliers (barème de l’IR) que pour les sociétés (taux de l’IS). La convergence progressive entre ces deux régimes pourrait modifier les arbitrages traditionnels.

Les réformes successives de la fiscalité patrimoniale, notamment concernant l’IFI et les droits de succession. La question récurrente de l’élargissement de l’assiette de l’IFI ou d’une potentielle réforme des droits de transmission constitue un facteur d’incertitude.

Les modifications des règles relatives aux plus-values immobilières, tant sur les taux que sur les abattements pour durée de détention, peuvent influencer significativement les stratégies de cession.

Face à ces incertitudes, une approche prudente consiste à :

  • Diversifier les modes de détention pour ne pas concentrer tous les risques fiscaux sur un seul régime
  • Prévoir des clauses de revoyure régulières avec ses conseillers pour ajuster la stratégie
  • Intégrer une marge de manœuvre dans les montages patrimoniaux pour pouvoir pivoter en cas de changement majeur

S’adapter aux évolutions du marché des SCPI

Le marché des SCPI connaît lui-même des transformations profondes qui peuvent influencer les choix de détention :

L’internationalisation croissante des portefeuilles immobiliers des SCPI, qui complexifie la fiscalité des revenus (application des conventions fiscales internationales, crédits d’impôt pour éviter les doubles impositions).

L’émergence de SCPI thématiques (santé, éducation, logistique, résidentiel européen) qui peuvent présenter des profils de risque et de rendement spécifiques, appelant potentiellement des modes de détention adaptés.

La digitalisation du secteur avec l’apparition de plateformes de souscription en ligne et de SCPI à capital variable offrant une liquidité accrue, ce qui peut modifier l’approche traditionnellement long-termiste de cet investissement.

Ces évolutions suggèrent une approche plus granulaire, où le mode de détention pourrait être différencié selon les typologies de SCPI et leurs caractéristiques spécifiques.

Intégrer les dimensions familiales et successorales

La dimension familiale représente un facteur déterminant dans le choix du mode de détention des SCPI, avec des problématiques qui évoluent au fil du temps :

Les modifications de la structure familiale (mariage, divorce, naissance, décès) peuvent nécessiter une révision de la stratégie patrimoniale.

L’évolution des relations entre héritiers et des projets personnels de chacun peut remettre en question l’approche collective initialement envisagée.

La préparation de la transmission intergénérationnelle s’inscrit dans un cadre juridique et fiscal qui se complexifie, notamment pour les familles recomposées ou internationales.

Dans ce contexte, les structures sociétaires offrent généralement une plus grande souplesse d’adaptation grâce à :

  • La possibilité de modifier les statuts et pactes d’associés
  • Des mécanismes de sortie progressive ou d’entrée échelonnée
  • Des dispositifs de gouvernance évolutifs adaptés à l’implication croissante des générations suivantes

Vers une approche hybride et évolutive

Face à la complexité et à l’évolutivité des paramètres fiscaux et patrimoniaux, une approche hybride combinant différents modes de détention présente des avantages significatifs :

La diversification des régimes fiscaux applicables (IR, IS, PFU) permet de répartir les risques liés aux évolutions législatives et de s’adapter aux opportunités qui peuvent émerger.

Une stratégie séquentielle peut être envisagée : démarrer par une détention directe pour sa simplicité, puis évoluer progressivement vers des structures sociétaires à mesure que le patrimoine se développe et que les enjeux de transmission deviennent prépondérants.

L’utilisation de mécanismes de démembrement croisé entre personnes physiques et morales offre des possibilités d’optimisation fiscale tout en préservant une flexibilité d’adaptation.

Cette approche modulaire nécessite toutefois une vigilance accrue et un accompagnement professionnel régulier pour garantir la cohérence d’ensemble du dispositif patrimonial.

En définitive, la question du mode de détention optimal des SCPI ne peut recevoir de réponse figée et universelle. Elle s’inscrit dans une démarche patrimoniale globale, personnalisée et dynamique, qui doit être réévaluée périodiquement à l’aune des évolutions personnelles, fiscales et économiques. Cette dimension évolutive, loin d’être un inconvénient, constitue la garantie d’une stratégie patrimoniale véritablement adaptée aux objectifs et aux contraintes spécifiques de chaque investisseur.